Les aphasies
L'analogique et le contigu


(Annexe à l'article "La question des deux pôles")

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1) aphasies sensorielles: troubles de la similarité

Ce point découle encore de l'étude des aphasies, qui a ouvert la voie au linguiste. Pour l'auteur le trouble de la similarité rend compte des aphasies sensorielles (du type WERNICKE pour les neurologues). Dans ces affections il note que la contiguité détermine tout le comportement verbal: la capacité de sélection (similarité) est fortement atteinte mais le pouvoir de combinaison est, quant à lui, au moins partiellement conservé.

L'exemple suivant fait comprendre ce propos: le patient auquel on présente le dessin d'une boussole répond: oui, c'est un ... Je sais de quoi il s'agit mais je ne peux pas me rappeler l'expression technique ... oui ... La direction .... Pour indiquer la direction ...Une aiguille aimantée indique le Nord.

Autre exemple donné par l'auteur; à partir du mot-stimulus "building" le patient ne réagira pas par des métaphores qui suggèrent certaines analogies entre deux images ('termitière', 'miroir', 'cathédrale'), mais il recourra à des correspondances métonymiques allant de la chose contenue au contenant ('ville') de la cause à l'effet immédiat ('vertige') ou ultérieur ('suicide'), du but à un moyen auxiliaire ('ascenseur') ou du tout à une partie ('l'appartement'). Plus encore pour ces aphasiques, deux signes étant dans une distribution complémentaire: si l'un a été introduit par l'observateur, le patient évitera son synonyme: 'je comprend tout', ou 'je le sais déjà', voilà sa réaction typique. C'est par la construction d'une phrase que le patient comble la lacune au niveau du code de correspondance.


2) aphasies dites motrices : troubles de la contiguïté

A l'inverse, Jakobson montre longuement que les aphasies dites motrices (dites de BROCA) se révèlent à l'examen être un trouble de la contiguïté. Le sujet perd la capacité de former des propositions. Le contexte (la connectivité) s'effondre mais les mots résistent.

Dans ce cas, l'étendue et la variété de la phrase diminuent. Le style devient télégraphique
. Le mot devient la seule unité linguistique préservée. Le patient ne peut plus les combiner en phrases. La perte des mots relationnels et la désintégration de la configuration syntaxique conduisent à "l'agrammatisme".

Le sujet de la phrase, plus indépendant du contexte, premier à être omis dans le trouble de la
similarité, est plus tenace en cas de trouble de la contiguité. Dans ce cas les unités grammaticales sont indécomposables; ainsi le patient pourra comprendre et employer le mot composé "portemanteaux" sans être capable de reconnaître et de répéter ses composants: "porter " et "manteaux".






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